Gabon… le recomptage s’impose

Sans polémique, partons de l’hypothèse qu’Ali Bongo Ondimba a eu son doctorat en droit. Docteur en droit autant que son ministre de la justice démissionnaire, Séraphin Moundounga.


Il est néanmoins pathétique de voir comment, entre juristes, Séraphin Moundounga se réfère au principe de droit pour appeler au recomptage des votes, bureau par bureau dans le Haut-Ogooué, alors qu’Ali Bongo Ondimba ne base son refus de recomptage sur rien d’autre que l’affirmation qu’il ne peut violer la loi tel qu’elle est.

C’est un peu court, en termes de rigueur intellectuelle, quant à la thèse évasive du refus d’Ali Bongo Ondimba. Pour un docteur en droit, il serait utile qu’un énoncé de principe en la matière vienne éclairer et supporter le refus du chef d’État gabonais.

Lorsqu’on sait que nos chefs d’État sont prompts à se payer tous les experts malveillants de ce bas monde, il est encore plus surprenant que l’argumentaire d’Ali Bongo Ondimba soit si faible en réalité.

Textuellement, l’autre juriste Séraphin Moundounga nous éclaire en rappelant que : « ce qui n’est pas formellement dit n’est pas interdit ». Ce fondement acceptable du droit nous permet d’avancer, suffisamment, vers la nécessité du recomptage des voix qui ne prendra d’ailleurs qu’un simple après-midi avec une bonne bière Régab à portée de main; particulièrement, pour une province du Haut-Ogooué qui normalement ne devrait même pas avoir 50 000 des 628 000 électeurs gabonais inscrits en cette année 2016 et qui a été généreusement ajustée à plus de 71 000 votants, malgré la défection décisive de plusieurs cadres de la province ayant rejoint Jean Ping.

Évidemment la généreuse excroissance, rapide et tardive, des inscrits de la province du Haut-Ogooué n’a échappé à personne. C’est probablement la réelle anomalie que ne peut justifier raisonnablement et statistiquement Ali Bongo Ondimba, en se réfugiant dans le refus injustifié du recomptage.

En vérité, Ali Bongo Ondimba a joué et perdu cette fois-ci. On ne peut pas passer sa vie à voler les élections, détourner le suffrage de ses concitoyens et ouvrir un conflit avec les observateurs de l’Union européenne en prétendant que certains ont pris parti pour Jean Ping et ainsi outrepassé les attributions convenues dans le cadre de leur mission.

Ali Bongo Ondimba s’accroche à tout, saut à l’éthique. Pour un docteur en droit, il doit bien savoir que l’éthique est au-dessus de la loi, et surtout que le droit ne peut nullement se réduire aux seuls faits, mais embrasser tout le contexte, toute la réalité scientifique, sociale, statistique et tout ce qui entoure les résultats fantaisistes et maladroitement forgés pour le Haut-Ogooué.

Ali Bongo Ondimba a joué et perdu cette fois-ci, et à la face du monde. Seule, l’éthique pourra sauver désormais le soldat de la cause perdue de la démocrature qu’est devenu Ali Bongo Ondimba. Et ça presse, pour l’honneur et pour la république.


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