Le Togo comme un Bobo

PSA

Sur le chemin de l’exil se retrouvent d’ailleurs plusieurs militaires togolais : ceux qui un jour ne pouvaient plus supporter l’insupportable d’une armée devenue une colonne génocidaire de la dictature familiale régnante au Togo. À tout cela nous disons… Non !

Il y a chez les Togolais quelque chose qui ressemble à de la Dignité. Résister à une tyrannie de plus d’un demi-siècle, une dictature qui a commencé aux petites heures du 13 janvier 1963, par le premier assassinat du continent africain d’un chef d’État démocratiquement élu, possède quelque chose d’audacieux et d’héroïque.

Du père Gnassingbé Eyadema au fils Faure Gnassingbé, pratiquement seuls, les hommes et les femmes du Togo luttent contre une dictature implacable qui leur fait subir des vagues d’assassinats, à tour de bras, sous le regard quasi indifférent d’une communauté internationale proche ou lointaine.

Ouvrons ici une parenthèse pour dire que depuis l’assassinat du premier président togolais démocratiquement élu, les archives de la France n’ont jamais été entr'ouvertes au devoir républicain de la science historique pour que les faits de cette tragédie franco-togolaise soient connus de l’histoire des citoyens du Togo. Pire encore, sur ce drame fondateur du Togo se superpose une série récurrente d’assassinats d’État, aussi crapuleux et impunis les uns que les autres, instituant les meurtres ciblés ainsi que les opérations d’exécutions sommaires comme pratiques courantes. Même le covid19 possède déjà son tableau de chasse meurtrière sous le sceau du couvre-feu.

La plus spectaculaire de ces expéditions meurtrières fut la razzia funeste soutenue des populations togolaises voulant s’opposer à la succession de *Faure Gnassingbé* à son père Gnassingbé Eyadema, entre février et avril 2005. Ce fut une particulière période, éprouvante d’homicides organisés, ciblant une partie de la population, et qu’une enquête de l’ONU solda par un bilan d’environ 500 morts. Depuis lors, *Faure Gnassingbé* se déclare président à toute élection, envers et contre tout.


Faure Gnassingbé... Menace
Faure Gnassingbé... Menace
Les Mutilés de l’Histoire

Il y a chez les Togolaises et les Togolais quelque chose qui ressemble à de la Dignité dans la douleur profonde d’un traumatisme ; un bobo si longtemps infecté qu’il résiste encore au soin.

Voilà que le jour même d’un prétendu serment pour un quatrième mandat confisqué au détriment du choix légal et légitime du peuple togolais, Gabriel Messan Agbéyomé KODJO ; probablement dans la nuit du 3 au 4 mai 2020, un chef de corps de l’armée togolaise, un Bataillon d’Intervention Rapide, fut assassiné dans son bureau à l’intérieur de son camp militaire… Prétendument assassiné par balles et arme blanche ! C’est ça le Togo confisqué qui fait problème au 21e siècle. C’est ça le Togo de Faure Gnassingbé et de ses acolytes et Adowuinon.

Le malheureux lieutenant-colonel Toussaint Bitala Madjoulba n’avait eu aucune chance. Tout porte à croire qu’il aurait marqué une forme de réserve quant à la dernière élection. Soupçons coupables sanctionnés par la totale mort au Togo, cette mort au complet fut d’autant violente qu’elle devrait servir d’exemples à tous ceux qui pouvaient avoir de telles appétences et velléités dans les Forces armées togolaises, la milice d’État.

Sur le chemin de l’exil se retrouvent d’ailleurs plusieurs militaires togolais : ceux qui un jour ne pouvaient plus supporter l’insupportable d’une armée devenue une colonne génocidaire de la dictature familiale régnante au Togo. À tout cela nous disons… Non ! Comme tous les militaires républicains d’ailleurs, et ils existent tout aussi-traumatisés.

À partir de tous ces symboles hyperboles, les Togolais nourrissent l’espoir. Ces êtres persévérants correspondent bien aux hommes et aux femmes du tableau des mutilés de l’histoire de l’humanité. C’est un tableau de maître qui reste encore à peindre. Il est debout sur le chevalet de l’histoire…

Le Peuple disait Hugo, c’est le souffrant qui rit à la surface. Au Togo, les mutilés sont des souffrants qui apprennent à rire, et qui ne refusent pas de repartir tous les jours au combat de leur Dignité… Souvent dans le silence. Souvent la peur au ventre... Si vous avez compris ça, vous aurez compris « ce que l’on a fait au genre humain » au Togo. On lui a nié l’existence pour que ses agitations ne grandissent guère. « On lui a déformé le droit, la justice, la vérité, la raison » au Togo.

Une fois encore, voilà pourquoi nous disons haut et tout court : Faure doit partir !


PSA
[13 mai 2020]




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